Les maisons traditionnelles, écrins du terroir normand

Image d'Epinal de l'idyllique petite chaumière nichée depuis des siècles au coeur d'un vallon ou près d'un verger, les maisons traditionnelles normandes sont indissociables des paysages de la région. Représentant un patrimoine plus varié qu'il n'y paraît, ce sont les héritières d'un savoir-faire très ancien et de techniques de construction bien ancrées dans le terroir régional.

On reconnaît souvent du premier coup d'oeil une maison traditionnelle de la campagne normande à son aspect attachant, à la fois robuste et intemporel. Souvent basses, longues et douillettes, affichant fièrement leurs colombages et, pour les mieux préservées, leurs toits de chaume, ces demeures sont indissociables de la Normandie rurale.
Si elles sont à ce point représentatives de cette région, où elles attirent les photographes et les curieux, c'est qu'elles doivent leur style architectural comme leurs matériaux de construction aux différents terroirs normands. Ce riche patrimoine provient en effet à la fois des ressources régionales et de l'histoire locale.

Matériaux 100% normands

Les maisons traditionnelles rurales sont souvent composées de matériaux variés, qui dépendaient des ressources proposées par la région à une époque où les artisans travaillaient principalement avec ce qu'ils trouvaient dans les environs immédiats des chantiers. Les coquettes maisons aux allures de carte postales disséminées entre bocage et vergers en coteaux qui font la réputation du pays d'Auge, par exemple, possèdent souvent des murs à pans de bois entrecoupés d'argile, un rez de chaussée en pierre de silex et un toit de chaume.
« Les gens utilisaient ce qu'ils avaient, explique Agathe Letellier, propriétaire de constructions traditionnelles. Ici, c'est donc avec la terre argileuse, le bois, le silex et la chaume que les maisons étaient construites ». Cette productrice de cidre biologique dans le Calvados, adhérente au réseau Bienvenue à la ferme, possède au Manoir d'Apreval plusieurs bâtiments traditionnels typiquement normands, dont des hébergements à la ferme. Outre un beau cuvier en pierre, la plus ancienne de ces constructions est un chais à colombage qui a plus de 200 ans et est encore en fonctionnement. « Travailler dans des bâtiments anciens n'est pas forcément le plus facile ou le plus fonctionnel, témoigne la cidricultrice, mais c'est plus authentique. C'est important pour nous de rester dans notre terroir, il faut que l'on sauvegarde notre patrimoine ».

Des patrimoines architecturaux diversifiés

Les terres qu'exploite Agathe Letellier font partie de sa famille depuis le XIXe siècle. Il est donc important pour elle de prendre soin des bâtiments qui s'y trouvent et de préserver leur caractère régional, tout en les dotant d'équipements modernes pour y fabriquer son cidre. « C'est une chance d'avoir de vieux bâtiments typiquement normands, poursuit l'exploitante agricole, et c'est aussi un atout pour faire venir des gens. Ils me disent que c'est beau et ils en apprécient l'authenticité ».

La Normandie étant une vaste région où se mélent des influences architecturales notamment celtiques, franques et scandinaves, les maisons normandes présentent des variétés importantes d'un territoire à l'autre et ne sauraient se résumer aux chaumières du pays d'Auge. Les moyens des commanditaires des maisons et les spécificités des pays ont en effet beaucoup contribué à créer la diversité architecturale de la région. « Le patrimoine n'est bien sûr pas le même à Honfleur, où l'on trouve beaucoup de maisons médiévales, qu'à Deauville où l'on peut admirer les grandes villas du XIXe siècle », détaille ainsi Agathe Letellier. De l'architecture rurale aux maisons de villégiature « belle époque », chaque style de construction est donc évocateur de la riche histoire de cette région, qui s'emploie avec passion à préserver ce patrimoine pour le transmettre aux générations futures.

Crédit photo : Manoir d'Apreval