La spiruline : un micro organisme très bon pour la santé !

A Cléon d'Andran, dans la Drôme, Sud Spiruline est une ferme un peu spéciale. Brice Vincent et Sébastien Cobos font pousser, depuis 2016, cette cyanobactérie utilisée comme complément alimentaire énergisant, dans des bassins sous leurs serres de 2000m2.
 

Une route en ligne droite, entourée de champs de lavandins, tournesols, colza, tomates, vignes et arbres fruitiers typiques du terroir de la plaine des Andrans. Des fermes isolées agrémentées de génoises de la drôme provençale. Au bout d'un chemin, des serres :  Bienvenue à la ferme Sud Spiruline.

C'est le grand-père de Brice qui leur en a parlé la première fois, suite à un reportage qu'il avait vu à la télévision. « C'était une grande fierté pour lui de nous avoir insufflé cette idée » raconte, ému, Brice Cobos, co-gérant du domaine. La spiruline, souvent confondue avec une algue, est, en réalité, une cyanobactérie. Les deux producteurs l'ont appris en détail pendant leurs formations au CFPPA, le lycée agricole de Hyères. Depuis février 2016 et la création de Sud Spiruline, ils défendent fièrement cet aliment vert d'apparence un peu étrange. Avant, Brice était clerc de notaire et Sébastien travaillait dans la  communication. « Inconsciemment, c'était un retour aux sources et aussi une volonté de monter un  projet à deux » dit Brice, l'enfant du pays. C'est, en effet, la cinquième génération présente sur  la ferme familiale de 130 hectares, qui fait traditionnellement de la grande culture céréalière, mais la première à cultiver de la spiruline ! 

« En pleine saison on récolte tous les jours ! »

La répartition des rôles est claire : Sébastien dans la serre et Brice au laboratoire. « Je me sens à  l'aise avec tout ce qui est scientifique. Je suis bien ici » me confie Sébastien, en allumant près des bassins verts les deux grosses machines : les récolteuses. La spiruline qui se développe dans de l'eau saumâtre (dont la teneur en sel est sensiblement inférieure à celle de la mer) devient récoltable au bout d'une semaine environ. « En pleine saison, d'avril à octobre, on récolte tous les jours ! » rajoute-t-il. Le contenu du bassin passe directement dans la machine via des tuyaux et, grâce à un filtre, la spiruline, plus épaisse que l'eau, est récupérée puis reversée dans des seaux. Deuxième étape : la déshydratation. « On a dû tout adapter, les appareils  n'existaient pas vraiment en France » raconte Brice, debout dans son laboratoire, charlotte sur la  tête. Il verse la spiruline, dont la texture est à ce stade proche de la compote, sur une plaque, afin de la mettre en pressage pendant environ 15 minutes. La pâte, ainsi obtenue, sera ensuite mise en forme de spaghetti, puis déposée sur des clayettes, avant de sécher sur flux d'air à basse température pendant 6 à 8 heures.

En complément alimentaire et même en pâtes !

Après la production vient le temps de la pédagogie, puisque la spiruline est souvent méconnue. « En venant ici pour la première fois, certains clients pensaient même que c'étaient les choux dans les champs ! » raconte Sébastien. D'où la nécessité de créer un lien direct avec les clients locaux, et d'adhérer à Bienvenue à la Ferme en 2019. « On était convaincus depuis le début de ces valeurs, de l'accueil direct sur l'exploitation » conclut Brice. Martine, une cliente, vient ici depuis des années. « Pour me doper ! » plaisante-t-elle. Surtout pour renforcer ses défenses immunitaires, puisque la spiruline permet de lutter contre plusieurs carences, notamment en fer. Elle booste aussi l'immunité, est riche en antioxydants, et pleine de protéines phycocyanine. « Depuis plusieurs années, je n'ai pas la grippe » ajoute cette dernière avant de partir, sachets de comprimés sous le bras. Mais toutes ces qualités ne suffisent pas toujours. L'Union Européenne a faussement classé la spiruline dans la catégorie des algues marines, rendant ainsi quasi impossible le respect du cahier des charges  biologique. Or, dans le même temps, des produits étrangers peuvent bénéficier automatiquement du label bio européen alors que cette labellisation ne garantit ni la qualité ni l'éthique !  

Et ce n'est pas tout dans la liste des vertus de ce micro-organisme : la culture de spiruline consomme très peu. « Elle ne nécessite aucun produit phytosanitaire, et pour produire un kg de protéine on utilise 300 fois moins d'eau que pour produire 1kg de viande ! » explique Brice. La spiruline consomme aussi du C02 et rejette de l'oxygène. Enfin, c'est aussi possible de la cuisiner, par exemple en pesto ou en pâtes : le secret, selon Brice, c'est juste d'y ajouter 5g de spiruline séchée à ces dernières.  Et c'est d'ailleurs le souhait du binôme : développer les produits associés à la spiruline. Et lui donner, ainsi, ses lettres de noblesse.
 

Un reportage de Constance Decorde