Le niaouli, ancestral enchantement calédonien

Arbre typique de la Nouvelle-Calédonie par excellence, le niaouli est à l'origine de nombreux produits dont le plus connu est l'huile essentielle. Mais ce fleuron du patrimoine naturel calédonien a plus d'un tour dans son sac et se prête à de multiples utilisations.

Le niaouli est l'arbre emblématique par excellence des paysages calédoniens où son tronc tortueux, sa peau feuilletée et ses feuilles délicatement parfumées le rendent aisément reconnaissable. Cet arbre, baptisé par les botanistes Melaleuca quinquenervia, appartient à la famille des Myrtacées qui comprend notamment les eucalyptus, la myrte et les clous de girofles, d'autres produits aux saveurs marquées et aux parfums entêtants. Des qualités depuis longtemps remarquées par les Calédoniens, qui en tirent de multiples utilisations. Depuis le XIXe siècle, le niaouli est notamment utilisé sous forme d'huile essentielle et forme l'un des plus anciens produits d'exportation de l'archipel.

Une essence parée de toutes les vertus

L'huile essentielle de niaouli, aussi appelée goménol, est très populaire auprès des amateurs de remèdes naturels, même en dehors de la Nouvelle-Calédonie. Outre sa texture douce et son odeur prenante, rappelant un peu celle de son cousin l'eucalyptus, l'essence de niaouli est réputée pour ses qualités antiseptiques et cicatrisantes. Elle est utilisée notamment pour le dégagement des voies respiratoires, le traitement des rhumatismes ou encore l'hydratation de la peau.

« Les Calédoniens sont pour ainsi dire nés dans le niaouli, on en est entouré depuis notre naissance et on l'utilise pour tout, notamment les plaies et les rhumes », explique ainsi Yohann Pagenaud, qui gère La Distillerie de Nessadiou, sur la côte ouest de la Grande Terre. Dans son exploitation située à Bourail, ce jeune adhérent Bienvenue à la ferme travaille de nombreux produits à base de niaouli. Cette petite fabrique artisanale a été créée par son père qui s'était mis à la distillerie en autodidacte, d'abord sous forme d'un passe-temps, avant de lui faire prendre de plus grandes proportions. Chez les Pagenaud, le niaouli se décline sous toutes ses formes, notamment en huile essentielle, bien sûr, mais aussi en sirops et en infusions. C'est également l'une des trois seules fabriques de liqueur de niaouli que compte la Nouvelle-Calédonie.

Un symbole culturel calédonien fort

Symbole culturel fort en Nouvelle-Calédonie, où il était traditionnellement utilisé à la fois à des fins médicinales et esthétiques que comme matériel de construction, le niaouli fait l'objet d'un grand attachement dans l'archipel. A tel point qu'il a même été représenté à plusieurs reprises sur des timbres calédoniens. « On trouve des niaoulis partout en Nouvelle-Calédonie », précise Yohann Pagenaud. « Ils poussent presque comme des mauvaises herbes, il n'y a même pas besoin de les planter. C'est un arbre rustique, très résistant, et qui peut même survivre aux feux. »

Outre le plaisir de « travailler avec la nature » de sa région, ce promoteur enthousiaste des produits tirés du niaouli s'attache aussi à préserver les savoir-faire de la distillation traditionnelle. « Mon but est de travailler le niaouli à l'ancienne, pour refaire vivre aux gens la qualité d'origine de ces produits », témoigne Yohann Pagenaud. Pour retrouver les qualités aromatiques et la texture ancestrale de l'essence de niaouli, la cueillette se fait à la main et la distillation des feuilles s'effectue au feu de bois, patiemment, dans une petite cuve, avec des méthodes artisanales demandant un grand doigté. Les produits de la distillerie de Nessadiou sont donc appréciés des amateurs d'authenticité. Ainsi, la plus belle récompense de tout ce travail, explique Yohann Pagenaud, c'est « quand les gens me disent que mes produits leur rappellent ceux qu'ils utilisaient dans leur enfance ».

Crédit photo : Distillerie de Nessadiou.