Sébastien : de militaire à agriculteur sur les terres familiales

Le domaine de la planche de Melussac dans la Haute Loire s’étend sur 50 hectares. Sébastien Sigaud y accueille les touristes et pratique une activité agricole et en circuit court. Et même très court car les 21 vaches Aubrac et les 25 cochons gascons du Roc, élevés en liberté, selon le cahier des charges bio, sont par la suite cuisinés et directement servis à la table d'hôte. 

Cussac, 11 kilomètres du Puy en Velay. Après avoir traversé des paysages sublimes bordés de châteaux du Moyen Âge perchés de part et d'autre de la route, et après dix minutes de chemin de  campagne sinueux, j’aperçois en contrebas plusieurs bâtiments de pierre de taille : bienvenue au domaine de la planche de Melussac. 

« Je venais déjà ici tout petit » raconte Sébastien Sigaud, 38 ans, ancien armurier dans l'armée de  l'air sur les mirages 2000 et gérant du domaine de la Planche. « Je m'étais toujours dit que je ferai 15 ans dans l'armée puis que je reviendrai chez moi, ici, en Haute-Loire. » rajoute-t-il. Le domaine était à l'abandon depuis les années 80, comme en témoigne le diaporama photo de l'évolution des travaux, qui ont duré 6 ans. C'est qu'il a fallu bien de la persévérance à Sébastien, à David, son bras droit, aussi ancien militaire, et à ses associés Lionel, William et Vincent, pour transformer ce corps de ferme vétuste en ce qu'il est aujourd'hui : un gîte à la fois moderne, haut de gamme, mais respectueux des traditions d'antan.
De la persévérance, des copains, un profond attachement à cette terre sud auvergnate et aussi l'envie de partager. BPREA (Brevet Professionnel de Responsable  d'Exploitation Agricole) en poche en 2013, Sébastien se met tout d'abord à élever des bovins de  race Aubrac, qui paissent autour du gîte. « Elle  c'est Rambaille, et elle, Nonette : elle est plus craintive. Mes vaches ne sont jamais complémentées en céréales » ajoute-t-il en caressant Merlin, le taureau du troupeau, pendant que Rafale leur court  après en aboyant. Quant aux cochons, des Gascons du Roc, ils vivent plus haut sur le chemin. C'est  aussi en 2013 qu'il adhère à Bienvenue à la Ferme, autant pour le référencement, le réseau, la communication, que pour les mêmes valeurs partagées et l'accueil direct du public.

« Je  n'ai rien changé des recettes du temps de mon grand-père »

En 2017, les 5 chambres d'hôtes, toutes décorées avec originalité et disposant d'une vue sur les étendues vertes du  domaine, sont prêtes à accueillir leurs premiers visiteurs. Ils se mettent aussi à organiser séminaires et réunions de travail, concerts, baptêmes et mariages. Pendant ce temps, Gaspard, 35 ans, cuisiner et salarié de l'exploitation depuis le mois de juin, couteau à la main, ramasse des rosé-des-prés. « Ce soir, ce sera boeuf à la parisienne et sauce aux champignons ! »
Les menus sont préparés  quotidiennement en fonction de ce qu'il y a. « On est toujours sur du produit de saison » rajoute-t-il  en faisant cuire la viande.
A la table d'hôtes, la cuisine est familiale, traditionnelle, copieuse. « Je  n'ai rien changé des recettes du temps de mon grand-père quand il tuait le cochon » avoue Sébastien.
Dans le laboratoire de transformation situé dans les bâtiments d'en face, ils font aussi de la  charcuterie, mais seulement l'hiver, pour que ça sèche naturellement. « Tout nait chez moi, est élevé chez moi, est transformé chez moi, puis resservi dans l'assiette ! » s'enorgueillit Sébastien. « Les hôtes sont parfois surpris, ils ne pensaient pas que l'on partagerait tout avec eux comme ça ».  complète-t-il. Avant le Covid, la grande tablée en bois de la salle à manger, qui surplombe la cave à  vins, visible sous le sol vitré, était pleine : les clients, mais aussi David, Sébastien, William qui les rejoignent, et Gaspard quand son service était terminé.
« On se dit qu'on pourrait revenir ici juste par plaisir ! », partage Amanda, commerciale chez Carrefour, en déplacement  professionnel et qui a fait escale au Domaine. Et c'est justement ce que souhaite Sébastien : « que les gens viennent ici pour venir chez nous. Pas parce que c'est sur le chemin du sud. Pas parce qu'ils travaillent dans le coin et que c'est pratique. Ne plus être une étape mais une destination. »

Un reportage de Constance Decorde